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Une sagamité d’Amérique.

Pratique d’origine précolombienne, devenue mets avéré de la cuisine autochtone nord-américaine, la sagamité consistait à épaissir un bouillon à l’aide de semoule de maïs.

Il y a tant à dire sur cette pratique révélatrice de l’Amérique, mais attardons-nous, le temps de quelques lignes, au nom lui-même : Sagamité.

Conférons d’entrée de jeu l’origine de notre sagamité aux nations Iroquoiennes qui vivaient près des Grands Lacs. Notamment aux Hurons et aux Mohawks (Agniers) pour qui très curieusement, le nom de sagamité prenait plutôt la forme d’Ottet et d’Ononta chez eux. Attribuons cet écart linguistique au fait simple que la sagamité est en fait une version francisée de son alter ego algonquin : sagameteow.

En fait, cette distance s’explique surtout par un balbutiement d’internationalisation qui a eu lieu aux abords des Grands Lacs. Réminiscence que certains jugeraient aujourd’hui de sévère appropriation culturelle, mais bon… continuons tout de même. C’est donc vraisemblablement au contact d’Iroquoiens commerçant au pourtour des Grands-Lacs que certaines nations algonquiennes telles que les Cris et les Algonquins auraient absorbé la pratique d’épaissir un bouillon avec du maïs. Sans le moindre complexe, ceux-ci auraient ensuite étendu cette pratique iroquoienne sous un nouveau jour composé de multiples subtilités linguistiques propres à chaque nation Algonquienne.

Il nous suffit ensuite de plonger dans l’univers métissé des coureurs des bois et d’autres << délinquants de l’Hinterland >> pour constater, noir sur blanc, que la sagamité a littéralement nourri le récit de ces << ensauvagés>>. Tout aussi connu sous le nom de soupane dans quelques racoins dit << civilisés >> de la Nouvelle-France. Cette variation s’avèrera contre toute attente, être une adaptation française de Supwan, un mot – tenez-vous bien – hollandais qui ne peut qu’avoir retonti ici que depuis l’ancienne colonie de New Amsterdam ; New York pour ses intimes.

Mais tout compte fait, sauvegarder une seule chose de cette capsule : retenez que le rituel lié à la préparation de tout type de gruau fait à partir de maïs est fondamentalement originaire de l’Amérique et qu’il n’en appartient qu’à nous de le faire savoir. Du moins, pensez-y la prochaine fois que quelqu’un vous dira inconsciemment que sa sagamité à lui s’appelle: polenta, milhàs, maïs sosso, mãmãligã, pozole …

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