LA SALADE DE DEVANT DE PORTE
D’origine acadienne, la « salade de devant de porte » nous fait découvrir l’héritage d’un curieux mesclun domestique littéralement prélevé à quelques pas de la porte des maisons le printemps venu.
Retenons ici que cette salade recrutait ses verdures à proximité de la maisonnée, et ce de manière aléatoire. Pensons ici aux jeunes pousses sauvages à l’orée du bois, aux mauvaises herbes qui s’étalaient dans les bocages ou encore à ces rognures des légumes fraichement éclaircies au jardin.
Donc, si d’une part, il nous faut comprendre que la saison de la salade de devant de porte se situe entre le printemps et le début de l’été. Il faut aussi se rendre compte que cette pratique d’entre-saison était essentiellement animée par le besoin humain d’ajouter des primeurs végétales au menu, et ce, après avoir passé un hiver rigoureux basé sur des aliments de longues conservations. Si pour certains, cette salade se résume à une sorte de comptoir à salade créatif faisant fi des frontières cartésiennes traditionnelles, sachez que celle-ci traite également sur le même piédestal les denrées sauvages et cultivées ainsi que leurs mauvaises herbes respectives.
Le jour de l’écriture de ce texte, c’était fin de mai dans les Laurentides. En jetant un coup d’œil dehors, je me suis dit ce jour-là que ma salade de devant porte aurait rassemblé des fleurs de violettes et de tussilage ainsi que de jeunes pousses d’hémérocalles, de pissenlits, d’oxalides et peut-être même un peu de ciboulette.
Et vous, à quoi ressemblerait votre salade de devant de porte ?