RÉCOLTE DE GLACE
Autrefois, durant l’hiver, certaines étendues d’eaux gelées, particulièrement celles situées près des villes, étaient le théâtre d’une récolte éphémère que l’on pourrait qualifier aujourd’hui d’inusité : la récolte de glace sous forme de bloc.
Aux alentours du mois de février, période à laquelle la glace atteignait ordinairement une bonne épaisseur, la récolte de glace s’étalait sur quelques semaines. À l’aide de scies longues, de gaffes et de pinces, on prélevait d’énormes blocs de glace des rivières, mais aussi tout au long du fleuve Saint-Laurent. Vraisemblablement, la baie de Beauport était réputée pour la qualité de sa glace. C’étaient des centaines de travailleurs qui s’affairaient là en même temps. Qui les embauchait ? Des compagnies de transport maritime et ferroviaire ainsi que des grands hôtels de la capitale. Pensons ici au Château Frontenac ou encore le Victoria. Une fois découpés, on déposait les blocs de glace sur des traineaux, soit leur moyen de transport de prédilection. Ceux-ci prenaient ensuite la direction d’énormes entrepôts à glace dispersés dans les villes.
Le redoux du printemps venu, des marchands et vendeurs de glace ambulants ne manqueraient pas de sillonner les rues afin de renflouer les glacières où l’on emmagasinait la viande fraiche ainsi que les produits laitiers dans les maisons. Des industries comptaient également sur un approvisionnement en glace durant la saison chaude, particulièrement les Brasseries, qui autrement, n’auraient pas été en mesure d’opérer à plein rendement à longueur d’année.
Il semble cependant juste d’affirmer que la vente de glace était un phénomène essentiellement urbain. Car, à l’opposé, le mode de vie rural favorisait en été pour sa part, et ce, sans oublier son immédiate proximité avec le lait frais, la consommation de victuailles salées (voire très salées). Pensons ici simplement ici au lard et au beurre. Signalons enfin que le déclin de la récolte de glace au Québec coïncide assurément avec l’arrivée et la démocratisation de la réfrigération dans les ménages québécois.